Entrecôte burger

« Télécharger c’est découvrir, acheter c’est soutenir. »

J’ai toujours téléchargé.

A l’origine, simplement parce que mon argent de poche ne suffisait pas à assouvir ma soif musicale. Ado, mes parents me donnaient 30 euros par mois. De quoi payer quelques cinés et McDos avec les potes. Un CD à 10 voire 15 euros représentait un tiers voire la moitié de mon budget.

A cette époque, je découvrais à peine le rock, et j’avais des tonnes de retard à rattraper. Avec un nouveau CD dans mes poches tous les mois, j’étais pas prêt d’avoir l’intégrale de Noir Désir ou Oasis. Et la liste des albums à acheter ne faisait que s’allonger chaque semaine.

Internet m’a apporté la solution. Un répertoire musical quasi infini, à récupérer gratuitement en quelques clics. A moi la discographie de Noir Désir et Oasis. Et bien d’autres encore.

Je n’ai jamais eu l’impression de les voler. Sans le téléchargement, je n’aurais pas eu les moyens de connaitre leur musique. Liam Gallagher m’a d’ailleurs confirmé il y a peu qu’il s’en foutait.

En plus de ça, j’étais avide de découvrir de nouveaux artistes. Et ce n’est pas la radio ou la télé qui allait me le permettre. Ces médias ne faisaient et ne font toujours que passer en boucle les même chansons des même artistes. Je n’en avais rien à foutre des pseudo-chanteur formaté pour chanter des textes sans aucune saveur, qui percent uniquement parce qu’ils ont le soutien de grosses majors prêtent à tout.

Je voulais autre chose.

Et Internet c’est magique pour ça. On cherche une chanson, on se laisse guider au hasard des clics, et on fini par découvrir des artistes géniaux, totalement méconnus du grand public, mais qui pourtant sont un milliard de fois meilleur que la merde servie chaque soir en prime time.

Avec le temps ma situation a évolué. Le lycéen sans un rond est devenu un étudiant sans un rond, et puis enfin, un cadre en informatique qui aurait largement de quoi s’acheter tous les albums qu’il désire.

Pourtant, je n’ai acheté aucun CD depuis des années.

Voilà maintenant 10 ans que les patrons des grands majors me traitent de pirate, de voleur, de délinquant et de criminel. Et maintenant, je devrais faire comme si de rien n’était et aligner les billets pour acheter leurs produits ? WTF ?!

Ok, je l’avoue, je n’ai jamais fais d’école de commerce, ils ont peut-être compris quelque chose qui m’échappe. Mais je ne suis vraiment pas convaincu que dénigrer et montrer du doigt ses potentiels clients soit une stratégie de vente efficace…

D’ailleurs, qu’est ce que j’en foutrais d’un CD ? Il serait peut-être temps d’accepter que ce support est dépassé. Et au passage, ne pas me prendre pour un con avec des offres à 10 euros pour télécharger un album en MP3.

Ca ne veut pas dire que je ne reconnais pas le travail des artistes, ni que je refuse de les soutenir. Au contraire. Ces dernières années, j’ai enchainé les concerts, essentiellement de petits groupes que je n’aurais jamais réussi à découvrir sans Internet, et j’ai payé ma place avec plaisir.

Aujourd’hui, je suis partisan d’une licence globale. Je suis totalement conscient du fait que les divers acteurs du monde musical ont besoin de gagner leur vie. Alors pourquoi ne pas payer une somme fixe chaque mois, et ainsi pouvoir accéder à toute la musique ? Etre libre de découvrir des artistes, et les soutenir individuellement si on le souhaite ?

Dans le camp d’en face, les grosses majors s’accrochent à leur marché pourtant déjà mort. Et étant donné qu’eux ont bien plus de pouvoir que moi, les choses ne sont pas prêtes de changer.

C’est pour cela que j’ai décidé de payer un abonnement Spotify.

J’ai longtemps été réticent, car leur répertoire est loin d’être complet, comme c’est le cas de tous leurs concurrents. Mais à un moment, il faut jouer le jeu pour avancer. Et tant pis si c’est loin d’être parfait.

5 euros l’offre de départ. Même pas le prix d’un McDo… Si personne n’accepte de sortir sa carte bleue, comment pourrons-nous leur montrer qu’un tel système peut fonctionner ?

En plus, il parait que ça fera du bien à ma ligne.